Le jour où j'ai osé déplaire...
- Atypik

- 3 nov. 2019
- 6 min de lecture
Ce n'est un secret pour personne, le besoin de reconnaissance est vital chez l'Être humain. L'Homme adore être adulé et validé. Consciemment ou inconsciemment, toutes ses actions tendent vers cet idéal, et croyez-moi, même si ce besoin viscéral d'appréciation est d'une intensité variable, il est présent chez tout le monde, y compris chez moi.

Il fut un temps où je ne jurais que par les autres. Leur appréciation, leur reconnaissance et leur amour étaient pour moi un Saint-Graal. J'essayais tant bien que mal de ne pas heurter. J'évitais de dire ce mot de trop qui pouvait être mal interprété. Je ne voulais pas vexer, irriter ou décevoir cette personne en face à qui je désirais plaire vaille que vaille. J'avais besoin qu'on m'accepte, qu'on m'aime pour enfin me convaincre que je le méritais et peut-être qui sait ? Convaincre mon miroir, ce récalcitrant miroir, adepte du « je t'aime moi non plus », que je détestais profondément, et dont je fuyais le regard, puisqu'il qu'il s'évertuait à me rappeler que je n'étais pas assez bien. Et moi, je le tenais pour responsable de mon mal-être, alors qu'il ne faisait que faire écho à cette partie de moi-même qui alimentait déjà ce préjugé...

Pour moi, je n'avais de valeur que si les autres le reconnaissaient. Un « tu es belle aujourd'hui » était suffisant pour que je déborde de joie toute la journée. Un insignifiant cette « coiffure ne te sied pas » et voilà que mon monde s'écroulait comme un château de cartes, pour une semaine au moins. Je me livrais sans considération de mon temps, à des justifications de mes opinions et de mes choix pour être sûre qu'on me comprenne. Je laissais qu'autrui décortique allègrement et minutieusement mes convictions, pour finir par me dire si oui ou non elles tenaient la route. Je voulais m'assurer que la personne en face garde une bonne image de moi. La fausse générosité, les faux sourires, le oui en lieu et place du non...c'était désormais une seconde nature chez moi. J'estimais que j'étais vraie. Après tout, s'oublier, faire semblant, se forcer à pardonner, à aimer, prendre sur soi, se taire... n'était-ce pas cela le véritable amour ? Celui qu'enseignait les Saintes Écritures ? Comment se défaire d'un moule hypocrisie sociale où j'avais été façonnée et par lequel je me definissais ? Que j'excellais à calquer ?

Au fil des années, j'étais déboussolée et de plus en plus aigrie. Je ne comprenais pas pourquoi mon entourage me payait ma dévotion par de l'ingratitude. J'étais devenue l'ombre de moi-même, insatisfaite, maîtresse dans l'art de plaire aux gens et de s'oublier, de pester dans un coin :
"Je me plie en quatre pour aider cette garce et voilà comment elle me remercie !"
"Je me suis oubliée pour l'aimer et il me trompe !"
Le fameux « Men are trash » était devenu mon crédo.
« J'ai fait d'elle ma priorité et voilà qu'elle m'oublie, ne suis-je pas assez bien pour son amitié ? Non mais sans blague ! »
J'étais profondément blessée et déçue de n'être pas reconnue à ma juste valeur. Plus je me donnais, plus les autres exigeaient de moi. Plus je me taisais, plus les autres me piétinaient sans tenir compte de mes sentiments et de mes émotions. Plus j'aimais au point de m'oublier, plus j'étais rejetée. Plus j'essayais d'être acceptée plus j'étais reléguée au second plan. Les autres me trahissaient. J'étais la victime et ce pendant longtemps. Dieu seul sait ô combien je me complaisais dans ce rôle, car je pouvais paresseusement pointer un doigt accusateur vers les autres sans me questionner moi, j'étais parfaite. Après tout, c'est les autres qui étaient méchants et leur sentence serait l'enfer si la sainte que j'étais n'implorait pas Dieu, son père, de leur faire grâce.
Et puis, peu à peu ce rôle commença à me peser. En effet, le rôle de l'agneau immolé ne me correspondait plus tout à fait. J'étais désormais animée d'un ras-le-bol et d'un je-m'en foutisme absolus. J'étais bien décidée à en découdre avec ce statut de citoyenne de seconde zone dans le cœur des gens que j'avais aimé et porté haut dans mon estime, et qui, à l'opposé, me le rendaient à coup de trahisons et de rejets intempestifs. J'étais déterminée à changer cette image de moi, mais plus comme ça... plus en en me laissant marcher sur les pieds au nom de l'appréciation. J'avais réalisé que je n'étais pas gentille en réalité, je manquais juste d'estime pour moi-même et j'essayais de combler ce manque en recherchant l'estime des autres qui, par-dessus le marché, tardait à venir, venait au compte-gouttes ou ne venait tout simplement pas. J'étais au fond du gouffre. L'amour des autres...quelle surenchère ! J'étais si peu realiste. Est-ce pertinent d'attendre que des gens qui pour la plupart, peinent à s'accepter tel qu'ils sont (décapage, chirurgie, dépression, acculturation) t'acceptent tel que tu es ? On n'est pas sorti de l'auberge.😁

Moi qui, longtemps avait adulé cette estime, je n'en voulais plus désormais. En effet, j'avais fini par comprendre que la seule et unique personne qui s'était blessée jusqu'ici, c'était moi. Moi et moi seule. Moi qui me vendais au rabais pour des miettes d'estime, moi qui accordais gratuitement mon attention et mon respect à des personnes qui ne le méritaient absolument pas et qui inconsciemment, le reconnaissaient en s'évertuant à me le démontrer, m'infligeant peines et trahisons, déceptions et désillusions, mais moi, je faisais fi de le voir. Je continuais résolument à distribuer des faux pardons et des secondes chances. Vous ai-je dit à quel point l'interprétation de la morale religieuse héritée des Hommes est « surcôtée » ? Mais ça c'est pour une autre fois.
Je disais donc que j'étais bien décidée à en découdre...découdre avec les conventions sociales malhonnêtes qui ma foi, sont une grosse surenchère. Un grossier mensonge auquel j'avais naïvement souscrit et qui avait bien failli me tuer. « Il faut garder ses amis pour la vie. » Ces mêmes amis hypocrites qui ne me soutenaient pas, et qui pour la plupart ont fini par me lâcher dans les moments les plus critiques de ma vie. « Faire de l'autre une priorité et Dieu te récompensera » Ce même Dieu qui dit : « Aime ton prochain COMME toi-même ? » (Je ne m'aimais pas mais j'allais aimer Jude ? Sans blague😂. Quelle hypocrisie !). Et voilà que j'enchaînais des relations toxiques à entretenir des croyances toxiques comme celles-là. "Penser aux autres en premier." et j'étais la bonne poire dans mes relations. « S'empresser de pardonner aux autres. » Lol really ? Sans se pardonner à soi-même au préalable pour avoir été conne et stupide ? « Donner, toujours donner sinon le ciel va te tomber sur la tête... » Donner sans avoir ? C'est cohérent ça ?

Bref au diable les conventions, trouve TA vérité. Je ne fais pas un hymne à l'égoïsme. J'essaie juste de dire qu'on ne peut que donner ce qu'on a. Et il va de soi que l'incohérence, c'est de donner ce qu’on n’a pas. D'ailleurs à ce propos, un adage dit : « Méfie-toi de l'homme nu qui te tend un vêtement. » Lol.😂 Tout le bien que tu veux faire aux autres doit assurément prendre sa source en toi, sinon il devient dénaturé et factice. Commence par t'aimer toi avant d'aimer l'autre, le respecter, le choyer et l'apprécier. Inspire de la confiance, de la sérénité, de l'optimisme pour l'inspirer aux autres. C'est plus cohérent et crédible non ?
Ça m'a fait un bien fou de pouvoir enfin distribuer ces NON courts et secs que j'avais longtemps étouffé par peur de déplaire. Je ressentais une telle satisfaction de ne plus donner de justifications à tout va. C'était jouissif d'envoyer bouler des gens pour qui je n'avais plus de respect mais que je gardais auprès de moi par pure hypocrisie « le politiquement correct. » J'ai mis fin à des relations et des amitiés de longue date devenues fades et insipides et qui ne me faisaient plus de bien, qui ne m'aidaient plus à grandir. J'ai fermé des chapitres, couper des ponts, mis des points sur des I et des barres sur des T. J'osais enfin fixer des limites, me faire respecter, dire le fond de ma pensée sans gêne. J'étais enfin moi-même, authentique heureuse et épanouie. ☺

Peut-être dans le processus j'ai pu heurter des gens. Il m'est arrivé d'être maladroite dans mon approche, brusque, radicale, indélicate et même violente, mais ça n'avait plus d'importance car j'étais enfin moi-même, moi dans toute mon imperfection que j'assumais haut et fort désormais. Je ne cherchais plus à être parfaite, bien vue ou aimée, tout ce qui importait c'était d'écouter ma propre voix, pas d'être comprise.
Je ne voulais plus être aimée, seulement respectée. C'est pourquoi j'étais prête à déplaire, encore et encore, s'il le fallait, déplaire face aux attentes irréalistes de perfection que j'avais vis-à-vis de moi et qui, insidieusement me venaient des autres. Déplaire face aux exigences égoïstes envers ma personne. Déplaire pour me plaire à moi-même. J'étais désormais ma priorité. 😊 Et vous ? Êtes-vous votre priorité ? 😊
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Merci d'avoir lu mon article, si tu t'es reconnu(e) en le lisant n'hésite pas à laisser un commentaire. Je serais très ravie si tu partageais avec moi ton expérience personnelle. On s'enrichit à travers l'échange généreux et authentique. Bien des choses à toi !😘

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